Catherine Bailly

Ma démarche artistique est de chercher sans vouloir. Chercher est un gage d’ouverture, de prise de risque, de liberté. Vouloir réduit, enferme, détruit, annihile.

L’acte  artistique dépasse notre volonté, l’art est selon moi une invitation à être plus libre, autant pour l’artiste que pour celui qui regarde. Ne pas vouloir posséder le regard de l’autre est un des éléments de la liberté.

Lorsque je peins, J’existe pleinement, au sens propre et figuré et au même moment, je n’existe pas. C’est dans cette non-existence que je me sens pleinement exister. Le paradoxe est ce double mouvement :lorsque je pose le pinceau sur la feuille je m’efface.
La découverte du livre « Propos sur la peinture du moine citrouille amère » cité à plusieurs reprises par FabienneVerdier dans « La passagère du silence »,  me pet d’approfondir ma recherche.  L’unique trait de pinceau dont parle Shitao estun concept qui à travers un geste technique extrêmement simple va embrasser l’universel et nous parler de l’essentiel. Ce geste simple est l’aboutissement d’un travail de toute une vie reliant la technique et la philosophie

J’ai commencé à travailler avec des sables, puis avec des encres et des pigments, ajoutant au travail de la matière celui de la couleur et de la transparence.
Ce travail sur la matière m’a amenée à travailler sur l’empreinte de la matière. Je « grave l’encre » sur le papier puis lave et essuie le geste pour révéler le plein et le vide. Le geste intérieur trouve son prolongement dans le mouvement du pinceau. Les grands formats (500 cm X 115 cm) me permettent de déployer ce geste et sa rythmique.